2015-2

Vivre différemment : deux mots qui résument ce que je cherchais et ai trouvé à Mahambo à l’occasion de mon 24ème séjour à Madagascar (4 novembre – 4 décembre 2015). Un peu plus longtemps sur place que d’habitude et… en bougeant le moins possible. Je suis seulement allé trois fois à Fénérive Est pour des courses importantes : renouveler l’assurance du scooter, une grosse commande de produits Homeopharma, et des équipements pour le campus : matelas, lasure pour de nouveaux meubles, moustiquaires.

Le plus dur, ce sont les deux grands voyages proprement dits, à cause de la circulation parisienne et en raison des (longs) temps d’attente dans les aéroports et pour les transports intérieurs. Même avec Cotisse, la compagnie de minibus qui respecte ses horaires, la liaison Tana-Tamatave est pénible : la route est pratiquement sans cesse tortueuse et la musique tonitruante (le chauffeur prétend qu’il en a besoin pour ne pas s’endormir !). Le fait qu’il y ait le Wifi à bord (incroyable mais vrai !) n’est qu’un incitatif commercial, car c’est un « confort » inutilisable : vu les cahots de la route, frapper sur une touche précise est quasi impossible, sans compter le mal de voiture… Ensuite, dans le taxi-brousse entre Tamatave et Mahambo, j’ai maintes fois serré les fesses : le chauffeur roulait comme un fou, traversant à fond la caisse les petits villages où des troupes d’enfants se rendaient à l’école ; il ne garderait pas longtemps son permis de conduire chez nous ! Pourtant, ces deux jours complets, à l’aller comme au retour, offrent de bons moments ; je n’ai pas honte à le dire, j’ai eu plaisir avec 4 films dans l’avion de Corsair : « La vie secrète de Walter Mitty », « Barbecue » (un groupe de copains en couples, après l’infarctus d’un des leurs), « Nos femmes » (avec un duo époustouflant D. Auteuil / C. Berry) et l’étrange « Le tout nouveau testament » de mon compatriote Jaco van Dormael. La cafétéria des vols nationaux à Ivato est recommandable : j’y passe toujours de bons moments pour un repas près de l’unique prise de courant… où je peux brancher mon notebook. Il y a aussi les rencontres : ainsi, dans la salle d’attente de Cotisse à Ambodivona, la gare routière de Tana, des retrouvailles avec Nary et Héry, qui étaient de passage dans le coin ; ou encore un échange agréable avec le directeur du lycée privé Price à Tamatave : il est bien d’accord avec moi qu’une priorité des autorités politiques doit être d’instruire et former les jeunes Malgaches !

Quand j’arrive chez moi, mes amis Fara et Faly sont là, en plus de Paul et de sa sœur Vavrina, avec un petit déjeuner prêt : le bonheur ! Comme elle ne travaille plus au récif, je vais embaucher Vavrina pour m’aider au ménage. Le premier jour est toujours un peu « perdu », car il faut récupérer du voyage et déballer les bagages, tout en recevant les premiers visiteurs qui viennent gentiment dire bonjour. Le scooter est à aller chercher chez Raoul, qui me met au courant des actualités du village. Le temps, à mon arrivée, n’est pas engageant : ciel gris et fin crachin, m’incitant à remettre au lendemain ma première baignade dans l’océan Indien. Il fera cependant beau tout le reste du séjour, et les Malgaches croiront que c’est moi qui leur ai apporté le soleil : un comble pour un wallon venu de la rude Ardenne !

Peu de soucis pendant ce séjour, aucun problème de santé – au contraire, alors que j’étais parti plein d’appréhension à ce sujet, notamment à cause d’une hernie discale découverte en septembre – mais seulement des « combats » matériels, essentiellement dus à mon système énergétique : les deux panneaux solaires, les deux nouvelles batteries et les deux convertisseurs n’ont pas fonctionné comme il aurait fallu pour que je ne sois pas stressé pour mon petit congélateur utilisé comme frigo. Quant aux ampoules-led Ikea (6W seulement pour une luminosité équivalent à 60W), elles se mettent à clignoter au bout de 10 minutes. Le scooter aussi a fait des siennes, puis il s’est repris grâce aux bons offices de Raoul. Bref, « tsi manino », ce qui veut dire en malgache « ce n’est pas grave ».

Les deux nouvelles batteries sont bien plus performantes
Les deux nouvelles batteries sont bien plus performantes

Premières visiteuses
Premières visiteuses : Sandra et Zita, accompagnées d'Alphonsine

Au début d’un séjour, il faut tout remettre en route en ce qui concerne les provisions usuelles et malgré la sollicitude de Fara, qui a prévu un kit de base. Fruits, légumes et viande au marché, épicerie chez Dimla, poissons près du pont sur la route vers Fénérive, autant de rituels qui vont rythmer mes journées à Mahambo.

Le boucher au marché
Le boucher pour le zébu, presque tous les jours au marché
Poissons du pont
Des poissons variés, dont un bleu, près du pont vers Fénérive

Ce sera aussi le cas des petits cours de français et anglais au campus pour les élèves de Mitsinjo, et les séances de cinéma le soir quand ils envahissent le living… J’ai ainsi pu leur montrer, outre des films d’animation (« 101 dalmatiens », « Pingouins de Madagascar »), un documentaire de Arte sur le train de Fianarantsoa à Manakara, « Intouchables » avec Omar Sy, « Skyfall », un bon James Bond, ou encore une « bande de lancement » réalisée par le groupe français Surf4smile, venu en août pour promouvoir ce sport sur la côte près d’Ambatomalama où habite mon ami Gérard.

Les vêtements apportés sont installés sur le lit de la chambre d’amis : les familles amies qui passeront pourront choisir ce qui est intéressant pour elles et surtout leurs enfants. Il y a un lot de tout petits vêtements, qui conviennent parfaitement pour les petiots de Norosoa et Rivela chez Zoë.

La chambre d'amis
Le lit de la chambre d'amis est pratique pour exposer les vêtements apportés
Fandresina, l'aînée de Norosoa, n'est pas farouche sur ma terrasse

Parlons du campus Mitsinjo : y habitent actuellement 17 jeunes élèves du CEG voisin ; 16 sont dans les maisonnettes, tandis que Catherine loge dans sa famille (la maison de la gardienne Amélie). Ils sont en moyenne plus jeunes que les deux années précédentes. Aucun(e) n’est en 3ème, année du BEPC, et il n’y aura pas de mouron à se faire à ce sujet en fin d’année – en effet, aucun des 5 qui se présentaient à cette épreuve nationale n’avait satisfait à la fin de l’année scolaire précédente, ce qui était plutôt démoralisant. Ces élèves, plus jeunes, se sont montrés bien plus réceptifs et ouverts aux leçons que je leur ai proposées chaque jour ; ils ont aussi assez facilement accepté de venir chaque dimanche après-midi se baigner à la mer. Bref, beaucoup de bons moments avec eux. Vous ferez connaissance avec eux en fin de compte rendu.

Le kiosque à Mitsinjo
Il faut l'ombre du kiosque pour les petits cours entre 13h et 14h

Plage de chez Coupie
Le dimanche à 17h, c'est le moment de la baignade ensemble

Il y a aussi deux familles qui sont hébergées sur le campus : Norosoa, son mari Fano et leurs deux enfants Fasendrina et Antonio sont dans la maison « Bruno », tandis que Lydia (sœur de Claudis et mère de Francelin) et son mari Etienne habitent chez « André » : à 40 ans, Lydia est à nouveau enceinte… Ces adultes apportent au site une tonalité plutôt positive, en ce qui concerne la propreté des lieux, la surveillance des jeunes et l’ambiance tout court…

La famille de Norosoa
Norosoa et Fano, avec leurs deux enfants, devant la maison Bruno
Propreté du campus
Norosoa s'active pour maintenir le campus bien propre
Lydia chez André
Lydia (ici avec son frère et son fils) est chez André
Ambiance à Mitsinjo
Il fait bon vivre à Mitsinjo, surtout à l'ombre !

Une nouvelle d’importance : le gardien Thierry, qui était parti à Foulpointe, n’était donc plus là en mai-juin. Surprise : il a réintégré la maison « Serge et Christian » - avec un doigt en moins qu’il a perdu dans une scie circulaire - et retrouvé sa femme Amélie et leur fille Vola. Je l’embauche aussitôt, ce qui l’arrange bien (il pourra s’acheter un vieux scooter à rafistoler !), pour fabriquer de nouveaux lits, une table et deux tabourets, afin que chaque élève ait son lit personnel. C’est chez Dérice, le magasin à la sortie du village en direction de Foulpointe, qu’on peut acheter les matériaux divers (bois carrés, planches, clous, nouveau tapis de sol pour le remplacer là où c’est nécessaire, etc.). A Fénérive, je trouverai une dizaine de matelas, et voilà les maisonnettes mieux équipées, y compris en moustiquaires pour protéger les jeunes du palu (malaria transmise par l’animal… finalement le plus dangereux de la Grande Ile). Malgré cela, j’ai dû faire à deux reprises appel à Simonette, la sage-femme de Mahambo, qui fait très souvent office de doctoresse, y compris pour installer des perfusions, faire des piqûres, etc. Pour ma maison OLATRA, c’est Faly qui a confectionné un nouveau coffre, protégé par mon gardien Paul avec de la lasure.

Thierry à Mitsinjo
Thierry a un réel talent de menuisier...
Nouveaux matelas
A nouveaux lits, nouveaux matelas...
Nouveau tapis de sol
A nouveaux lits, nouveaux tapis de sol...
Nouveaux lits
... pour fabriquer de nouveaux lits
Nouveau coffre
...et lasure pour le nouveau coffre
Chez Dérice
... achetés chez Dérice, comme tous les matériaux

Quelques moments plus saillants dans un séjour globalement paisible :

* J’ai eu l’occasion de faire connaissance avec un groupe de Français venus d’Ardèche : Monique et Lucien – qui m’avaient déjà contacté par mail –  ont fondé l’association des « Amis de Labastide de Virac 07 – Mahambo ». Ce n’est pas leur première visite à Mahambo ; accompagnés de 8 autres vazaha, dont Catherine l’organisatrice du voyage, ils viennent installer des latrines (24 sont prévues !) en divers points du village : c’est Faly qui coordonne ces travaux pour lesquels ils mettent aussi eux-mêmes « la main à la pâte », si j’ose dire, surtout les deux hommes, Jeannot et Lucien. Suite à leur visite du campus, à deux repas pris ensemble le soir à Ylang Ylang et à un goûter chez moi sur la terrasse, deux couples décident de faire construire par Faly deux maisonnettes supplémentaires à Mitsinjo ; ils s’engagent en outre à assumer les frais liés à l’hébergement des jeunes (ameublement, frais médicaux et de scolarité, etc.). Dans ces conditions, malgré mon souci de rester « raisonnable » pour pouvoir être fidèle à mon projet dans la durée, pourquoi refuser leur généreux don ?

Pour sceller leur action au profit de l’hygiène, ils ont proposé un jumelage entre la commune française et le village malgache: une plaque est apposée à l'entrée de Mahambo.

Ardéchois à Olatra
Le groupe des Ardéchois sur la terrasse de Olatra
Plaque de jumelage
La plaque qui atteste du jumelage

* Et le CEG ? Un point positif, d’abord : il y a de nouvelles portes et volets aux locaux de classe ; par contre, la pompe installée naguère, et donc les deux WC construits dans la foulée, sont de nouveau inutilisables. D'autre part, il y a espoir de voir l’école alimentée en eau prochainement : une tranchée a été creusée tout le long de la route nationale et jusqu’au site scolaire (des ouvriers installaient de longs tuyaux pendant que j’étais là), mais le directeur m’a laissé entendre qu’ils ne pourraient sans doute pas se raccorder… pour une question d’argent ! Pourquoi la municipalité ne ferait-elle pas cadeau de l’eau à cette école publique qui relève de son administration ? Le maire actuel y fut d’ailleurs directeur jadis.

Travaux au CEG
Des travaux pour les classes du CEG...
De l'eau pour le CEG
Une borne pour l'eau : bientôt ?
La pompe du ceg
... mais la pompe est toujours inutilisable
Collège privé
Le collège privé de Mahambo

Pour essayer d’établir une comparaison avec ce qui est annoncé comme un « collège privé » à l’entrée de Mahambo, à droite quand on vient de Foulpointe, j’y ai fait une petite incursion un samedi : les locaux de classe ne sont pas en meilleur état, la propreté du site est même moindre, et les sanitaires… semblent démontrer que les jeunes n’en ont pas grand souci.

WC au CEG
Sanitaire du CEG...
WC au collège privé
... et au collège privé !

* Chaque dimanche, je l’ai déjà écrit, les églises sont remplies. La religion reste un point d’ancrage fort pour une population vivant dans la pauvreté ; en témoignent non seulement les édifices imposants, comme la nouvelle église des protestants FJKM et l’église catholique (en reconstruction), mais aussi les nombreuses sectes qui ont fleuri : Jesosy Mamonjy, l’église Rhema, l’église Flamme de Dieu, la Nouvelle Jérusalem, etc., à côté d’autres plus connues comme les Témoins de Jéhovah.

Eglise FJKM
La nouvelle église FJKM
Nouvelle Jérusalem
A la sortie du village, vers Fénérive, près du Soafaniry
Jesosy Mamonjy
Une secte secte très répandue à Mada
Kristy
Une église peut être minuscule : Jésus est partout !

* Plusieurs décès ont eu lieu pendant mon séjour, y compris celui d’une adolescente, élève au CEG. C’est chaque fois l’occasion pour les Malgaches de se rassembler en très grand nombre, dans et autour de la maison du défunt, pour manifester leur sympathie – traditionnellement concrétisée par une enveloppe avec un billet – à la famille éplorée. Une voisine qui n’avait pas 30 ans est morte la veille de mon arrivée : j’ai aussitôt rendu visite à ses parents et à sa sœur Hortense, car j’ai à l’égard de celle-ci une double dette de reconnaissance ; c’est elle, en effet, qui m’a permis de retrouver Jeanne et la petite Stéphanie , puis de visiter la maison à vendre que j’allais acheter en 2008.

* J’ai mis à profit le calme de ce séjour pour perfectionner mes connaissances en botanique tropicale et locale, grâce à deux ouvrages de base, mais aussi aux connaissances de Raoul et de Dominique Bos.

Deux livres vraiment recommandables : Jean-Jacques SEGALEN, « Plantes et fruits tropicaux des îles de la Réunion et de Maurice », Jade Editions, Ile de la Réunion, 2011 (superbes photographies en couleurs) ; Aline TERNISIEN et Fabrice LE BELLEC,  « Mon jardin tropical – Guide de jardinage Antilles et Réunion », Editions Orphie, 2002. C’est grâce à cet ouvrage, que m'a prêté Raoul, que j’ai découvert le nom de la fleur rampante, emblématique de mon jardin : Heterotis rotundifolia. Une autre vedette de cette région, souvent utilisée pour des petites haies, avec des tiges vertes comme du bois de crayon, a de minuscules fleurs si discrètes qu’on les remarque peu : il s’agit de Pedilanthus tithimaloides avec une toute petite fleur rose en forme de « pantoufle de Cendrillon » (j’aurais aussi pensé à une petite crevette), d’où son nom de pantouflier. Je l’ai photographiée dans mon jardin le 27 novembre.

Je dois mentionner aussi que ma voisine Marguerite, qui a mon âge, m’a gentiment offert quelques plantes à repiquer pour mon jardin, notamment un arbuste à tige carrée et feuilles duveteuses en forme de cœur, dont le port est étalé et désordonné, mais qui donne de belles fleurs violettes en grappes dressées : Tibouchina grandifolia. Elle se trouvait dans mon jardin quand j’ai acheté Olatra en janvier 2008 : c’est seulement maintenant que j’ai pu l’identifier !

Tous ces noms latins sont indispensables pour nommer scientifiquement les êtres vivants ; ils sont parfois difficiles à prononcer, mais pas plus que l’humour d’un vazaha résident à Mahambo, qui a orné son portail d’une plaque évoquant une rue de chez nous – c’est de la même veine que le nom d’une maison de campagne en Gaume (Belgique) : « Les cénobites tranquilles ». C’était la minute d’humour que, j’espère, vous ne trouverez pas de (trop) mauvais goût…

Heterotis
Cette belle fleur tapisse le jardin à l'arrière de la maison
Pedilanthus
Le pantouflier a de si petites fleurs...
Tibouchina
Un des mystères botaniques éclaircis : T. grandifolia
Dominique Boss
Dans le jardin de Dominique Bos, avec sa compagne
Fleur de pantouflier
...qu'elles passent facilement inaperçues
Humour de vazaha
Il n'y a pas que des botanistes parmi les vazaha !

Dominique Bos est un vazaha qui habite un peu en dehors de Mahambo, le long de l’ancienne route qui longeait l’océan. Il a passé une bonne partie de sa vie à travailler pour une ONG. Avec sa compagne Hortence, il cultive de nombreuses plantes et a eu la patience de me faire visiter son jardin. J’y ai pris plusieurs photos, et ai pu voir quelques merveilles déjà connues, mais aussi des variétés de fleurs tropicales non encore observées, notamment un Allamanda cathartica à fleurs roses et Thevetia peruviana à fleurs jaunes.

Fleur de grenadelle
La fleur de grenadelle évoque la passion du Christ
Allamanda rose
L'Allamanda rose est bien plus rare que le jaune, très répandu

Eltingera elatior
La rose de porcelaine porte bien son nom : c'est une merveille !
Thevetia
Thevetia peruviana, plante toxique, est d'habitude couleur abricot

J’ai eu aussi l’occasion de revoir Jean Girard, un Français qui a acheté un grand terrain en bord de mer tout près de mon lieu de baignade favori. Il rêve d’en faire un « eden végétal » et son projet prend forme peu à peu, avec l’assistance d’une gérante et d’ouvriers locaux. Il a complanté une allée depuis l’entrée du terrain jusqu’à la mer, notamment avec la « neigeuse » (ou encore la « lépreuse »), un joli arbrisseau à fines feuilles tachées de blanc, qui, ce qu’il dit est vrai, « éclaircissent » le bord du chemin… Ce qui éclaircit aussi un jardin, c’est le sourire des enfants, comme celui de Mirinda !

La lépreuse
La neigeuse ou la lépreuse : à vous de choisir !
Mirinda à Olatra
Mirinda, sur le banc du jardin de Olatra

Le long de ma plage favorite, que je fréquente chaque jour de grand matin et au crépuscule, certains arbres me sont devenus familiers : le Barringtonia asiatica et le Terminalia catappa : avec leurs grandes feuilles oblongues devenant rouges avant de tomber – comme les aiguilles des épicéas chez nous, jamais toutes d’un coup – mais leurs fruits sont très différents : ceux du premier sont plus gros qu’une balle de tennis, en forme de bonnet d’évêque ; l’autre forme des fruits semblables à des amandes un peu ailées : très dures, elles tombent vertes au sol puis noircissent assez rapidement. Certains arbres sont encore mystérieux : les locaux ne peuvent me renseigner et mes livres ne sont pas assez exhaustifs…

Le long chemin qui borde le terrain de football, je reconnais à présent facilement Stachytarpheta jamaicensis, mais n’ai pas encore pu mettre de nom sûr à une sorte de gaillet dont les petits fleurs sont rondes et blanches : tout ce que je sais, c’est que les habitants d’ici considèrent cette plante comme une « peste végétale », selon leurs propres termes…

Barringtonia
Le Barringtonia asiatica est l'arbre-fétiche de ma plage
Les fruits du Terminalia
Les fruits du badhamier jonchent la pelouse de Véro

Arbre inconnu
Malgré ses belles fleurs, ce gros arbre est non encore nommé
Terminalia catappa
Le badhamier est presque aussi majestueux
Stachytarpheta
Très commune le long des pistes, cette plante est appelée pipiko par les Malgaches
Fruits de la plage
Les fruits de cet autre non plus, à même la plage, semblables à des grelots de Magritte

A chaque séjour, j’ai l’occasion de prendre quelques repas chez mes amis malgaches (Fara et Faly, Raoul) et vazaha (Gérard, Emile de Foulpointe), mais aussi de les recevoir à Olatra : très souvent Vavrina, Paul et Kamisy, ou encore Marguerite, Tantély, la famille de Sahamalany, etc. C’est avec beaucoup de fierté que je leur fais découvrir la charcuterie et le fromage de chez nous, les frites à la belge, le ragoût de zébu à la bière, les spaghettis bolognaise avec emmenthal râpé ou parmesan, le chocolat pour accompagner les bananes flambées. Vavrina semble prendre plaisir à cuisiner ces mets européens, qu’elle fait précéder par un plateau de crudités à la présentation épatante. Ces repas sont toujours de grands moments de convivialité.

repas avec Gérard
Recevoir Gérard à ma table est un plaisir autant culturel que gastronomique...
Raoul et Santa sont aussi de bonnes fourchettes, le soir à Olatra
Gérard et Vavrina
... grâce à Vavrina, qui excelle en cuisine

Sahamalany
Des habitués sur la terrasse, avec Fara et Faly : la famille de Sahamalany

* Novembre est le mois des litchis, le fruit emblématique de la côte Est. Au jour fixé – aussi rigoureux que pour la vente du Beaujolais nouveau ! – les camionnettes passent et repassent sur la N5, jour et nuit, provoquant une circulation vraiment inhabituelle qui, jointe à la chaleur nocturne, perturbe le sommeil des riverains. Fara s’est lancée dans ce business qui met du beurre dans les épinards de leur budget familial : il leur faut, en effet, payer les études de Felana à Tana et celles de Chantal et Manjato à Fénérive Est. Grâce à mon gardien Paul et à d’autres Malgaches, je n’en achète jamais, profitant du fruit de ses petites maraudes et des cadeaux offerts par les familles amies ou les parents des jeunes du campus. La plupart sont transformés en confiture : elle est parfaite pour accompagner le foie gras des fêtes de fin d’année. Certains finissent, dénoyautés, dans du rhum blanc Dzama, pour devenir un délicieux rhum arrangé…

Litchis
Fin novembre, c'est la folie des litchis
Kamisy
Son petit frère Kamisy, à l'ombre d'un ravenala du jardin
Mon gardien Paul
Mon gardien Paul
Veny et son Gérard
Vény a trouvé un vazaha et tient un petit bar près de Ylang Ylang

La fin de mon séjour a été assez mouvementée. Alors que je quittais le mercredi 3 décembre au matin, le mardi soir il a fallu intervenir pour conduire un des élèves du campus chez Simonette, à cause d’une crise de palu. Gérard m’a amené à la gare routière bien à temps pour prendre le Cotisse de midi, qui arriva à Tana à 19h30’. M’attendait là Michel, un jeune pharmacien fraîchement diplômé, cousin de la femme de Raoul. Il souhaitait me rencontrer avant mon départ prévu le lendemain matin à Ivato. Il rêve de venir en Europe faire une spécialisation en pharmacologie. J’ai découvert avec stupéfaction ses conditions de vie dans la chambrette qu’il occupait jusqu’à présent à la cité universitaire de Tana : il m’y a hébergé, au milieu des étudiants de l’enseignement supérieur, qui ont des « sanitaires » qu’on ne tolérerait pas dans nos prisons…

Dès le lendemain matin, Michel m’a amené au centre de Tana où m’attendaient Nary, des représentants de l’association Voara  et… une délégation de la municipalité d’Arivonimamo, le maire nouvellement élu en tête. Désireux de « jumeler » leur commune avec celle de Neufchâteau, ils m’ont remis une lettre pour le bourgmestre de Neufchâteau. L’éventuelle suite leur appartient…

Michel pharmacien
Avec Michel avant de reprendre l'avion à Ivato
Arivonimamo
Remise d'une lettre pour le bourgmestre de Neufchâteau

Il me reste à vous laisser en compagnie des 17 jeunes du CEG qui sont logés au campus Mitsinjo du dimanche soir au vendredi. L'autre cliché associe Fara et Faly avec les trois familles qui vivent également sur le campus, toute la semaine. C’est en avril que je les retrouverai…

Le groupe des élèves
Le groupe des élèves 2015-2016 à Mitsinjo
Le groupe presque au complet, avec Faly à droite
Les élèves du campus Mitsinjo, de l'année scolaire 2015-2016