2012-2

Pour la première fois, j'ai choisi Air Madagascar pour ce 17ème trip vers Mada (du 7 novembre au 3 décembre). Parce que le prix était cette fois équivalent à celui de Corsair, parce que j'escomptais bénéficier d'une réduction sur le vol intérieur Tana-Tamatave (pour les porteurs d'un billet de vol international avec la compagnie du pays), mais aussi pour faire plaisir à mon ami Nary... Ne lui en déplaise, je n'ai eu que des ennuis avec Air Mad, comme on le lira par la suite... Comme la compagnie aérienne malgache part de l'aéroport Charles de Gaulle à Roissy, alors que Corsair est basée à Orly donc près de chez mon ami René, je l'ai rejoint par le train : voiture jusqu'à Sedan, train ter jusqu'à Reims, train de liaison (en quelques minutes) jusqu'à la gare du TGV "Champagne-Ardenne" et seulement 29 min. pour arriver à destination. Occasion, de nouveau, de faire d'intéressantes rencontres, avec d'autres partants au loin (Tahiti, le Taj Mahal en Inde). Idem dans l'avion, cette fois avec un homme d'affaires nantais qui dirige un petit atelier de fabrication textile à Tana.

Alors que l'airbus est bien à l'heure et que Nary est à l'accueil pour la réception du gros colis de l'ISM de Neufchâteau destiné au CEG Abdon d'Arivonimamo (voir Ecoles), il est très difficile d'acheter mon billet pour Tamatave. A 198 euros pour l'aller-retour (qu'on m'a fourgué d'office alors que je comptais revenir en taxi-brousse pour m'arrêter à Andasibe), je n'ai pas l'impression d'avoir bénéficié d'une réduction quelconque... Vol sans histoires, via Ste-Marie, mais nous sommes deux à nous rendre compte, à l'arrivée à Tamatave, que notre valise n'a pas suivi : elle n'a pas été chargée dans l'avion à Tana et, alors qu'il est 8h, elle n'arrivera qu'avec l'avion de 13h25'. Une demi journée de perdue ? C'est sans compter sur le caractère liant des Malgaches. Alors que je déguste une bière fraîche au snack de l'étage, une policière de l'aéroport s'avance vers moi pour faire connaissance. Andrea et ses deux collègues sont ravies que je leur offre un verre ! "Comme si tout, y compris les imprévus, était facile ici", ainsi que je l'ai noté textuellement dans mon premier compte rendu. L'aventure est déjà au rendez-vous...

Difficile de trouver un taxi-brousse non complet, et je résiste pourtant aux sollicitations des chauffeurs de taxi qui veulent me reconduire au centre ville, à la gare routière. Il faut savoir que l'aéroport en est distant de 6 à 7 km et qu'il se trouve, à la sortie de Tamatave, sur la RN5 qui va vers Fénérive et donc Mahambo, où m'attendent Fara et Faly, avec le nouveau scooter qu'ils m'ont acheté, d'un bleu très chic (Faly m'a racheté le rouge à la fin de mon précédent séjour). Grâce à Andrea qui me réserve une place dans un véhicule à la gare routière, je peux enfin arriver, mais le soir tombe déjà, dans mon petit paradis... après plus de 3 heures de route, tant le tronçon Tamatave-Foulpointe est dans un état déplorable ! Mes amis, mais aussi toute la famille de Françoise, sont là avec un repas tout prêt. On échange les premières nouvelles, parfois bien tristes : Stéphanie est partie à Tana avec un "copain", la vazaha Y. a mis fin à ses jours, etc. Fatigué par cette journée éprouvante, je suis bien vite au lit... sans eau potable : la nuit sera dure.

Le gardien Paul avec le nouveau scooter

Le gardien Paul avec le nouveau scooter

La famille de Françoise

La famille de Françoise

De fait, la journée du lendemain, je la passerai essentiellement au lit, avec un dérangement intestinal typique, à part quelques courses d'urgence : les vivres de base, du charbon de bois et de l'essence pour mon nouveau coursier. La première baignade aux Orchidées à 17h30', juste avant le crépuscule, me permet de retrouver Frédéric, Mavo et leur petite Annie : ils m'annoncent qu'ils vont quitter les lieux, abandonnant la gérance de l'établissement.

Fred, Mavo et Annie

Fred, Mavo et Annie

Pour la baignade deux fois par jour

Pour la baignade deux fois par jour

La grande nouveauté au village est la possibilité d'acheter pour presque rien des bidons d'eau potable derrière la mairie où a été installée une station de pompage en grande profondeur et de filtrage de l'eau captée. D'abord sceptique (j'ai vivement acheté ce matin 6 bouteilles d'Eau Vive), je me rendrai compte que je peux la boire telle quelle et qu'elle a même meilleur goût que l'eau en bouteilles capsulées. Quelle économie (1.000 Ar. pour 20 L contre 2.000 pour 1L1/2) et quel progrès pour les gens de Mahambo qui, je le rappelle, n'ont pas l'eau courante !
Ma nouvelle garde-robe en bambous a fière allure dans le living, même si je remarque bien vite qu'elle est attaquée par des insectes xylophages : aïe!

La nouvelle armoire en bambou

La nouvelle armoire en bambou

Suzy a mis sa belle robe

Suzy a mis sa belle robe

Dès le vendredi, et cela sera le cas pendant tout ce séjour, je me sens en excellente forme physique. Il est vrai que la mer est superbe car il n'y a pas eu de cyclone cette année. "Skype out" me permet de rester en contact avec Christiane sur mon petit téléphone portable, vieillot mais efficace. Il fait un temps splendide et les fruits du coin (bananes, mangues, ananas, pastèques) me poussent à faire ma première confiture, pendant que Faly, bricoleur né, remplace le joint de la pompe du jardin. Je reçois de ma voisine Suzy les premiers litchis de la saison. Les familles amies viennent dire bonjour et reçoivent les colis de vêtements que Christiane a préparés à leur intention : c'est le moment des retrouvailles, toujours chaleureuses, chez moi ou chez eux ; le nouveau scooter démarre au quart de tour et c'est un plaisir sans cesse renouvelé de parcourir les pistes et de capter l'ambiance du village... Le soir, après ma baignade vespérale, j'ai pris l'habitude de "faire cinéma" pour les voisins : ils sont entre 12 et 15 chaque jour pour vibrer avec le Kevin Costner de Robin Des Bois, rire des grimaces de Louis de Funès dans la Grande Vadrouille, s'attendrir au film d'animation Rio, frémir avec Jurassic Park ou Tom Cruise dans Mission Impossible III, ou encore s'émerveiller des cascades invraisemblables du Retour du Cobra (une cornichonnerie qui ne présente que cet intérêt, mais bon...). En général, un long métrage fait l'objet de trois épisodes, avec un picoprojecteur qui permet une bonne image, de la taille d'un énorme téléviseur plat, sur le mur de la cuisine.

La petite boutique de Suzy, en face de chez moi

La petite boutique de Suzy, en face de chez moi

L'ami Emile bien entouré

L'ami Emile bien entouré

Un vieux monsieur passe me vendre des poulets, toujours vivants, bien sûr - quelques jours plus tard, je lui achèterai encore un coq, mais il rendra l'âme le surlendemain : je me doutais bien qu'il était malade, mais bon, il vaut mieux que cela m'arrive qu'à ce vieux monsieur, et je me consolerai en pensant qu'il était vraiment très bruyant dès avant 5h du matin !... Un couple de canards sera plus florissant - : les poulets feront merveille, avec une sauce au gingembre préparée par Jeanne, pour recevoir Emile de Foulpointe ce dimanche, après un saut aux églises principales du village et la distribution du cadeau dominical devenu traditionnel (sucre et huile - les PPN les plus chers) aux familles amies. Emile à OLATRA, c'est la garantie d'un apéro bien frais (bière et pastis), car il amène des glaçons dans sa boîte frigo : le pied ! On organise déjà mon retour du 2 décembre...

Avec Annette et sa petite Zakiana

Avec Annette et sa petite Zakiana

Didy, soeur de Nancia et maman de Camélah

Didy, soeur de Nancia et maman de Camélah

Le mardi est jour de marché. Annette, qui travaillait à La Pirogue où elle m'a connu, arrive avec sa petite Zakiana, qui n'a que quelques mois : je ne me souviens pas lui avoir promis, quand elle était enceinte, un vêtement pour son futur bébé, mais bon... Arrive aussi Didy, la soeur de Nancia (partie en France avec son mari vazaha) ; elle habite chez Nancia, elle est accompagnée de Camélah, son petit garçon de 6 ans... qu'elle ne peut mettre à l'école pour raison financière. Comme Stéphanie a mis les voiles vers la capitale, ce petit bonhomme la remplacera au sein des enfants dont je prends en charge la scolarité avec l'aide d'amis mycologues. Nous allons, selon le désir de la maman, l'inscrire à l'école primaire catholique, chez la Soeur Charlotte. Il faut régler un an de scolarité, l'achat du tablier réglementaire, du livret scolaire, d'un cahier de dessin, d'un plumier garni et s'un cartable. Pour une quarantaine d'euros, quel bonheur de pouvoir mettre un enfant à l'école !
Malgré la pluie, il est temps d'aller voir mes amis de Sahamalany, puisque mon nouveau scooter "pète le feu". Le café de Juliette est toujours un grand moment, et Thonia a un sourire étincelant, avec les nouvelles dents que lui a installées le dentiste D.F. de Fénérive.

La famille de Raymond à Sahamalany

La famille de Raymond à Sahamalany

Le petit Jean-Claude et sa famille

Le petit Jean-Claude et sa famille

Le petit Jean-Claude passe avec sa famille, ses parents Marcelline et Antoine, et Claire la grand-mère. Le matériel pour les enfants est remis en route sur la table de la terrasse : crayons de couleur, cahiers à colorier, picotage, puzzle, etc.
Le 14 novembre, scooter dès 5h30' (il fait déjà bien clair, car c'est l'été ici) jusque Foulpointe d'où je pars dans la Suzuki d'Emile vers Tamatave. C'est là qu'il est possible de faire des achats particuliers : huile essentielle et baume pour les piqûres d'insectes à Homéopharma, mayonnaise et rasoirs à main au Score, objets divers d'artisanat à ramener en Belgique. A signaler : le restaurant "La Terrasse", entre Shoprite et Score, propose un délicieux menu du jour à 12.000 Ar., avec tartelette croustillante aux crevettes en sauce blanche et épinards, langue de bœuf sauce aux petits pois et purée, vermicelle au lait. Un très bon rapport Q/P, à pir euros avec une grande bière fraîche.
A Fénérive, en scooter avec Paul, d'autres achats pour les familles : un vélo pour mon gardien, un matelas pour la famille de Raymond à Sahamalany. Heureusement qu'il y a Aloe vera pour soigner mes coups de soleil sur les avant-bras... Alors que je  me contente souvent d'un souper léger (tartines, soupe chinoise, restes de midi), j'ai plaisir à me préparer des repas de midi de qualité en cuisinant de bonnes choses - crevettes d'Antsikafoka et crudités variées en vinaigrette, poisson frais accompagné de frites dans l'huile d'une poêle, ma foi pas mal réussies, et accompagnées de mayonnaise -  surtout qu'à Fénérive on trouve yaourt et pâtisseries...

Paul, fier de sa nouvelle bicyclette

Paul, fier de sa nouvelle bicyclette

Raoul et Santa

Raoul et Santa

Retrouvailles aussi avec Raoul et sa compagne Santa, chez eux, où je rencontre Jean G., un Français sympa qui a acquis tout près un grand terrain de quelques hectares, avec accès direct à la mer, pour en faire, m'explique-t-il, un "paradis d'essences forestières" : original ! Raoul et Santa sont très accueillants et j'ai, plusieurs fois durant mon séjour, l'occasion de partager un petit déjeuner ou un dîner nocturne en leur agréable compagnie : c'est chez eux que je découvre certains mets du coin, ainsi des escargots récoltés dans l'herbe du parc où Raoul a construit une dizaine de magnifiques maisons pour des clients vazaha, essentiellement Français ou habitants à La Réunion.

Je suis rarement seul à la maison, car il y a souvent des enfants qui viennent dessiner et colorier sur la terrasse. Il me vient alors une idée : acheter un terrain près du CEG pour y construire des petites maisons qui serviraient d'internat à des jeunes de familles pauvres, habitant loin, motivés par l'école... Mon imagination vagabonde... mais le petit terrain près de Doris a été vendu, et celui qui jouxte ma maison est beaucoup trop cher. C'est Fara et Faly qui m'apporteront l'opportunité d'initier ce grand projet. Le terrain sera mis au nom de Faly ; c'est lui qui fera les démarches pour le "titrer-borner" auprès des Domaines à Fénérive, mais c'est moi qui aurai la jouissance des lieux pour les aménager et y construire des maisonnettes. On échafaude ce projet au Soafaniry, la petite gargotte où on sert de la "sakafo gasy" à quelques centaines de mètres de ma maison sur la route de Fénérive...

Confiture de litchis avec Vavrina

Confiture de litchis avec Vavrina

Légumes au marché couvert

Légumes au marché couvert

C'est la pleine saison des litchis : il faut résister à la tentation et rester raisonnable, car c'est un fruit franchement laxatif. En confiture, il est excellent et, vu sa teneur en sucre naturel, il ne faut en ajouter que peu. Tant qu'on en est à évoquer la nourriture, je dois signaler avoir conservé pratiquement 3 semaines en bon état, sans frigo, des tranches de jambon cru et de fromage belge, mis sous vide plastique : ils sont à garder, comme un bloc de parmesan par exemple, dans un sachet isotherme capitonné. On peut acheter au village, pour les en-cas : oeufs frais, spaghetti, fromage "vache qui rit", soupes chinoises, sardines. Le poisson - parfois, les femmes des pêcheurs proposent des camarons, qu'on appellerait chez nous scampis, aussi bons à mon point de vue que la langouste devenue rare et plus chère - ne manque pas, "au pont" à la sortie du village en direction de Fénérive ; presque chaque jour, il y a du zébu au marché : il est meilleur haché qu'en tranches, trop coriaces parce que la viande n'est pas reposée ; on trouve même du porc les jours de marché, mais je n'ose m'y risquer jusqu'à présent. La plupart des légumes sont disponibles chaque jour au marché couvert, même le dimanche matin. Pas de problème pour les boissons (bières, coca, limonades dont Fanta, Sprite et Bonbon Anglais) ; il y a même du pastis et du whisky ; quant au rhum en vrac, il est abondamment servi au verre dans les épiceries, tout comme sont vendues les cigarettes à la pièce ou par deux... Je n'ai donc pas crainte d'inviter les familles amies à manger avec moi à la maison, car, avec l'aide de mon gardien Paul, je peux m'éclater en cuisine, mon plat de prédilection étant les légumes variés, bouillis puis sautés à l'huile. Pour les fruits, pratiquement chaque jour je reçois un petit cadeau (ananas, corossol, mangues, litchis,...), au point de pouvoir faire du "jus naturel" (fruit pressé + eau). Aller au resto ? Cela m'est arrivé seulement 4 fois sur tout mon séjour : au Vanilla café près d'Ylang Ylang (bon, mais compter 5 euros avec la boisson) et au Soafaniry (correct et très bon marché).

Du zébu disponible au marché, presque tous les jours

Du zébu disponible au marché, presque tous les jours

La famille de Sahamalany, avec Jeanne et Paul

La famille de Sahamalany, avec Jeanne et Paul

Surprise : ce dimanche 18 après-midi, qui vois-je monter les escaliers ? Christin, mon ami d'Andasibe. Sans s'annoncer, il vient passer un jour à Mahambo, ce qui me dispensera d'y aller expressément - où, dit-il, il n'y a de toute façon que peu de champignons en ce moment, ce qui me console - pour lui remettre un accessoire qu'il m'a commandé pour l'orgue électronique avec lequel il anime les offices à l'église FJKM. Nous profiterons bien sûr de la plage des Orchidées, des litchis qui ne poussent pas sur les Hauts Plateaux, et des rhums arrangés que je prépare "maison" (litchis et jacque). Fara en a toute une gamme, où excellent le gingembre, la cannelle, la vanille.

Christin dans le jardin de Olatra

Christin dans le jardin de Olatra

Alamanda et Hibiscus aux Orchidées

Alamanda et Hibiscus aux Orchidées

La plupart du temps, je fréquente des Malgaches au milieu desquels je me sens très à l'aise. Par exemple, je suis rarement seul pour le petit déjeuner au retour de la baignade matinale : il y a souvent déjà l'un ou l'autre sur la terrasse, venu dire bonjour. Cette fois, il m'est arrivé à plusieurs reprises de faire connaissance avec des vazaha : Jean le naturaliste, Gérard le Robinson intarissable et cultivé, Patrick le malchanceux, Marcel l'ancien militaire crack en informatique, Paul le gentil anglophone. C'est chaque fois enrichissant, tant les personnalités sont diverses, mais jamais banales, de tous ces Blancs qui comme moi sont un jour tombés sous le charme de ce pays qui exerce une véritable fascination, souvent inexplicable rationnellement. A Foulpointe, agglomération distante de 32 km, mon ami Emile me reçoit toujours festivement, et je peux aller acheter à Estelle les colliers que je ramènerai en Belgique.

Un gros bolet semblable à notre Boletus aereus

Un gros bolet semblable à notre Boletus aereus

Des volvaires au pied d'un bananier du jardin

Des volvaires au pied d'un bananier du jardin

Et les champignons ? Il y en avait peu, mais j'ai pu revoir, outre les inévitables Pycnoporus sanguineus, le plus fréquent des lignicoles là-bas, des agrocybes, des panéoles, un très gros bolet noir qui fait aussitôt penser à notre cèpe bronzé (on n'ose plus dire "tête de nègre"!) et, à même mon jardin, au pied d'un bananier, une volvaire comestible, jadis observée sur déchets de girofliers ou à même le sable de la plage de La Pirogue. J'ai eu la chance d'observer plusieurs fois un très bel oiseau endémique, un pigeon de couleur verte magnifique, Treron australis, dans les arbres des Orchidées. Il faut cependant dire que l'oiseau le plus fréquent est Acrodotheres tristis, le Merle des Molluques, ici appelé Martin.

Mr Charles est, depuis un an, le Directeur du CEG voisin. Il faudra déboucher un des deux WC construits, penser à d'éventuels panneaux de basket à fixer à des poteaux de béton armé (l'école a reçu en cadeau des sacs de ciment) :  l'un ou l'autre devis serait évidemment bienvenu !

Il y a parfois des pluies torrentielles, mais elles ne durent pas longtemps et le soleil revient vite, sinon le jour même (j'ai connu un jour fort gris, où la température ne dépassa pas 24°, oufti!), du moins dès le lendemain. Ce vendredi 23, il pleut à seaux pendant la nuit et le matin. Impossible de partir à la plage avant 7h15' ; quand j'y arrive, il pleut de nouveau "comme vache qui pisse". Qu'importe, je me baigne quand même : c'est une étrange sensation nouvelle, car la pluie crépite sur la mer assez calme, les gouttes rebondissant avec fracas tout autour de moi qui suis évidemment le seul baigneur (mais c'est déjà le cas habituellement !).

Une partie assez conséquente de mes journées se passe à faire des achats pour les familles aidées. Cette fois, j'achète un vélo à Paul, mon gardien dont je suis satisfait. Ce cadeau sera cependant pour lui, à côté d'une joie non feinte, source de tracas tant le matériel chinois - on ne peut trouver que cela - est fragile : très vite, il faut remplacer un pneu ou encore les pédales... quand on en trouve qui conviennent, chez l'artisan du village ! Le sac de riz de 50 kg coûte 22 euros ; le sucre cristallisé frôle l'euro pour un kg, alors que l'huile, bien nécessaire en cuisine (il n'y a pas de beurre ici et la margarine coûte trop cher pour les Malgaches), vaut 1,5 euro.

Chez le marchand de pneus, déjà!

Chez le marchand de pneus, déjà!

L'heureux papy Faly, à Ylang Ylang

L'heureux papy Faly, à Ylang Ylang

C'est quelque jours avant mon retour que j'ai l'occasion d'acheter un grand terrain de 80 ares, bien situé entre le dispensaire, le terrain de football et... le collège : l'affaire est conclue avec le sympathique proprio, qui trouve que mon projet est chouette. Il sera mis au nom de Faly, puisque seul un Malgache peut être pleinement propriétaire dans ce pays, mais c'est moi qui en aurai la libre utilisation, pour y construire des maisonnettes pour les élèves les moins favorisés du CEG voisin, distant de 3 min. à pied. Dès le lendemain de l'accord oral, nous nous retrouvons à la mairie et au Fokontany (chez le "chef du village") pour les formalités administratives en ce qui concerne l'acte de vente, l'acte de prêt, le paiement des taxes locales et du droit de mutation. Tout est mené assez rondement, par rapport à la tendance au mora mora des Malgaches ! On appellera ce campus scolaire... MITSINJO, du nom de l'association d'Andasibe pour laquelle j'ai réalisé le travail sur les champignons (OLATRA). Je rappelle que ce mot malgache signifie "regardons vers l'avenir" : tout un programme !

Un terrain pour le futur MITSINJO

Un terrain pour le futur MITSINJO

Fara et Faly près du terrain acheté

Fara et Faly près du terrain acheté

Un gros arbre au milieu du terrain

Un gros arbre au milieu du terrain : l'anacardier

De futures pensionnaires à Mitsinjo ?

De futures pensionnaires à Mitsinjo ?

Il neige sur Neufchâteau quand je me mets en route pour un voyage de retour qui n'aura rien d'une sinécure. Emile est venu me retrouver à la maison puis au Vanilla café : c'est dans sa voiture que mes bagages voyageront jusque Foulpointe, que je rejoindrai, après mes "au revoir", avec le scooter que je laisserai dans son garage jusqu'à mon prochain séjour. Le lundi 3 décembre, Emile me dépose à l'aéroport de Tamatave où il va faire ses courses diverses. Personne, et tout semble clos, mais comme il n'est que 8h je ne m'en étonne pas d'abord... D'autres vazaha arrivent, perplexes comme moi. On apprendra bien vite que l'avion vers Tana, prévu à 10h20'... est reporté à 15h50': la compagnie a envoyé un mail pour prévenir, mais je ne le trouverai, sur mon PC, qu'en rentrant à la maison ! Par contre, j'ai la joie de revoir Nancia, qui, de retour au pays, vient d'arriver dans sa famille à Tamatave. Quand Andrea vient prendre son service, nous avons tout juste le temps d'aller manger ensemble non loin de l'aéroport. Dans le petit avion à hélices où tous les sièges sont occupés, je fais la connaissance de Jean-Claude R., de Clermont-Ferrand. Il me sera d'un grand secours et réconfort pour la fin du voyage, qui se révèlera encore plus chaotique...
A Ivato, Nary est là - on devait se voir à midi à la gare de Tana, mais c'était impossible - avec le gros colis (mon sac de sports n'y suffit pas!) de lettres et cadeaux des élèves du CEG d'Arivonimamo pour leurs correspondants belges.
L'avion partira avec 45 min. de retard  elles ne seront jamais rattrapées et je rate le TGV de 7h30' pour Reims. Il faut acheter un nouveau billet (malgré une attestation d'Air Madagascar, l'autre ne sera pas remboursé par Europe Assistance, auprès de qui j'avais acheté une assurance annulation, qui n'intervient que quand l'avion a eu "une panne ou un accident", c'est-à-dire quand on est mort !) pour le TGV suivant qui quitte Charles de Gaulle à 12h48' !
Heureusement, je peux prévenir Christiane de mon arrivée à Sedan à 15h17'... ce qui ne sera pas le cas en raison d'une grève à la SNCF ; avec l'aide du chef de gare de Charleville, on pourra la prévenir de continuer sa route pour venir me rechercher là, et nous ne rentrerons à Neufchâteau qu'à la nuit tombée...

Toute la famille sur la terrasse, avant le départ